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Déshumanisation, manque de reconnaissance, … Et si on parlait d’humanité ?

vendredi 5 janvier 2018, par Chantal THOURET

Café Pause du 15 décembre 2017

Le thème a fait recette. Une réunion de préparation avait déjà réuni une dizaine de personnes, toutes très intéressées par le thème.
Le Café Pause a fait le plein, plus de 40 personnes ont échangé leurs expériences. De nombreux témoignages de personnes qui ont ressenti la déshumanisation dans le cadre du travail, des services administratifs ou de l’exclusion sociale.
Des paroles échangées :

  • On n’est plus rien quand on perd sa place ; si on n’est plus rentable on n’est plus rien et c’est une spirale de précarité, exclusion, perte de solidarité.
  • En vieillissant on est regardé autrement. Par exemple : le départ à la retraite est mal vécu quand le poste de travail est remplacé par l’outil informatique ou tout simplement supprimé, sensation de déni du travail de toute une vie.
  • Les machines ont remplacé les humains. Il y a peu d’espaces d’échanges au quotidien : des guichets automatiques, la suppression des caisses dans les magasins, la perte du contact humain. Plus personne n’est responsable.
  • On ne se dit plus bonjour (sauf en prison !). On a l’impression de venir d’un autre monde quand on sourit ou qu’on dit « bonjour » : spirale de la déshumanisation.
  • Les relations se font par texto. On ressent des difficultés à rentrer en relation avec quelqu’un qu’on ne connaît pas.
  • L’écran fait écran dans la relation à l’autre mais il peut aussi maintenir du lien.
  • L’argent est devenu la valeur de référence et a pris le pas sur l’humain.
  • Avons-nous tous de la valeur ?
  • Quelle place pour des personnes porteuses d’un handicap physique ou psychique dans notre société où la productivité est le moteur ?
  • Peur de l’autre qui est différent.
  • Oser aller vers l’autre, échanger, partager, donner et recevoir.
  • Importance de l’écoute, de mettre en relation.
  • Place de la fête.
  • Reprendre le pouvoir (exemple du foyer social où les résidents ont repris le pouvoir sur les squatters et ont repris une vie collective*)

*Une expérience racontée :
Au sein d’une Résidence sociale le lien et la part d’humanité est mis à mal par la suppression des lieux de vie collective (cafétérias, salle de réunion…) en raison de dégradations. Les résidents vivent néanmoins en collectivité en partageant cuisine et sanitaires.
Les dégradations, les violences, les agressions se multiplient et des squatteurs et trafiquants s’installent.
Les résidents désemparés s’isolent, se terrent dans leur chambre. Ils subissent cette violence au quotidien contraints de « partager » leurs lieux de vie collective avec les squatteurs faisant la queue derrière eux pour la douche, n’osant plus utiliser leur cuisine etc…
Les menaces et agressions se multiplient.
Que faire ?
Des mesures de sécurité ont été mises en place mais « le tout sécuritaire » a ses limites : badges, clés, vigiles… rien n’y fait : la spirale de la déshumanisation est en marche.
Une réunion s’est tenue, avec les résidents concernés, sur le thème « …et si on en parlait ?... », pour sortir de cette spirale. Elle a permis de :

  • Parler des problèmes et d’écouter cette violence : de leur redonner leur place par cette écoute
  • Comprendre comment chacun porte une part de responsabilité dans la spirale de déshumanisation
  • Identifier les ressources de chaque résident et les mettre en commun (le « sage », le « négociateur », le « costaud » …)
  • Etre solidaire et compter les uns sur les autres, s’épauler…
  • Définir une action collective et reprendre le pouvoir
    Les résidents ont fait corps : ils ont « sortis » les squatteurs, ont repris possession de leurs lieux de vie, ils se protègent les uns les autres.